Notre experte locale en Jordanie nous raconte sa rencontre inoubliable avec une famille de nomades bédouins. Un moment fort et profondément enrichissant d'un point de vue humain, qu'elle souhaitait absolument partager avec nous…
"Où veux-tu aller ?" : la prise de contact des nomades bédouins
C'était il y a quelques années, je revenais chez moi, à Pétra, depuis Aqaba dans le Sud. La route pour relier ces deux villes est à la fois superbe et particulière. C'est une route très désertique et sinueuse, où l'on se sent seuls au monde. Avec mon mari, nous rentrions chez nous en voiture, sur cette route solitaire. Le soleil allait se coucher et les paysages étaient juste magnifiques. Nous nous sommes donc arrêtés au bord de la route afin d'en profiter, tout près d'une tente bédouine. La famille qui habitait là a tout de suite réagi, en sortant de la tente et en nous demandant si nous étions perdus ou si nous avions besoin de quelque chose. Comme je m'approchai du vide pour prendre une photo au bord de la montagne, la dame a accouru vers moi et m'a demandée "Où veux-tu aller ?". Je me suis immédiatement rappelée que mon mari, qui est Jordanien, m'avait un jour dit que, pour établir le contact avec les étrangers, les nomades bédouins posaient cette question.
Plongeon immédiat dans les traditions bédouines
J'ai donc répondu que je prenais juste des photos et que je profitais de ce décor magnifique. Et la dame m'a répondu "Oh, je croyais que tu étais perdue, je voulais t'indiquer ton chemin". Une fois ma séance photos terminée, elle nous a invités, mon mari et moi, à boire un thé sous sa tente. Nous avons un peu discuté, mais la barrière de la langue n'est pas toujours facile à franchir. Malgré ça, elle nous a tout de même demandés si nous souhaitions rester dîner et dormir, et si nous avions besoin de vêtements pour nous protéger du froid.
Il y a très peu de nomades bédouins en Jordanie, mais c'est ainsi qu'ils fonctionnent. Et comme ils sont rares à parler anglais, aucune communication verbale ou presque n'est possible. Mais si nous avions voulu rester, nous aurions pu séjourner ici pendant trois jours. Lorsqu'ils accueillent des étrangers chez eux, les nomades bédouins ne posent pas de questions mais ils les nourrissent et leur offrent l'hospitalité. Au bout du troisième jour seulement ils commenceront à s'interroger et à chercher un traducteur
Une hospitalité et une gentillesse incroyables
Cette rencontre m'a beaucoup marquée. Même si elle a été fugace car nous n'avons partagé qu'un thé et une courte conversation, je sais que je n'oublierai jamais ce moment. Il est difficile de concevoir, pour nous, qu'une famille inconnue puisse nous offrir le gîte et le couvert sans rien demander en retour. Pourtant, je peux vous assurer qu'ils vivent dans des conditions franchement difficiles. Il fait très froid en hiver et, tout ce qu'ils ont pour s'abriter, c'est leur tente faite de bouts de bois et de tissu. L'un de leurs enfants était handicapé et ils voyaient le médecin de temps en temps, à 200 kilomètres de là. Ils sont vraiment isolés de tout mais ont un amour infini pour leur pays. Cette générosité, cette gentillesse et cette simplicité… Quelle rencontre !