Florence, éleveuse de brebis et écrivaine, est récemment partie à la rencontre d'une communauté d'éleveurs kenyans. Pendant 15 jours, elle a pris part à la vie quotidienne de plusieurs familles et a visité différents villages afin de découvrir leur façon de gérer les attaques des prédateurs et d'approcher différentes races de chèvres et de brebis. Elle nous raconte son aventure…
Ma rencontre avec les éleveurs de brebis au Kenya
L'objectif de mon voyage sur-mesure au Kenya était de découvrir comment les éleveurs kenyans parviennent à faire face aux attaques des grands prédateurs. C'est quelque chose que nous avons beaucoup de difficultés à gérer en France, et je voulais absolument savoir comment cela se passait ailleurs. Le but était donc de voyager, certes, mais aussi de faire un travail d'enquête approfondi. Très rapidement Frédéric, l'expert local, m'a parlé de la communauté des Selankai, une ethnie qui vit à l'opposé de nous.
La façon dont les éleveurs kenyans travaillent était un vrai mystère pour moi. Pour nous qui avons accès à toutes les technologies modernes, il est difficile d'imaginer comment ils parviennent à gérer leurs troupeaux au quotidien.
Sur place, j'ai été accueillie par Léonard, qui s'occupe du camp de lodge et qui m'a accompagnée pendant toute mon aventure. Lorsque je suis arrivée au camp, j'ai été surprise par l'accueil qui m'a été réservé. Quel bonheur de voir les Massaïs m'attendre de pied ferme, le sourire sur tous les visages ! J'imagine que ce n'est pas souvent qu'ils ont l'occasion d'accueillir des éleveurs occidentaux… Et il me tardait d'échanger avec eux sur nos techniques d'élevage de brebis.
Une journée type chez les Selankai
Je suis restée 15 jours en parfaite immersion dans cette communauté, à prendre part aux activités et à rencontrer les habitants. Ces rencontres m'ont d'ailleurs profondément marquée et encore aujourd'hui, quand je pense à toutes ces personnes qui m'ont accueillie le cœur grand ouvert, l'émotion prend le dessus.
Pendant ces 15 jours, Léonard a été mon guide. Le matin, il avait déjà les informations sur les villages qui avaient été attaqués par les prédateurs pendant la nuit. J'ai voyagé en pleine période de crue, un moment particulièrement propice aux attaques. Du coup, tous les matins, nous nous rendions dans ces villages afin de rencontrer les familles et de voir la façon dont ils géraient les attaques. C'est un moment vraiment particulier que d'arriver dans un endroit sinistré et de voir les gens en difficulté. Ensemble, nous discutions des différentes solutions possibles autour d'un vrai échange. D'un côté j'avais des idées à leur transmettre, et de l'autre ils partageaient avec moi leur incroyable savoir-faire, hérité générations après générations. Les Massaïs m'ont appris énormément de choses au cours de ces visites, et ils m'ont même fait découvrir des races de brebis et de chèvres que je ne connaissais pas.
La deuxième semaine, mon métier d'écrivaine m'a rattrapée et j'ai commencé à écrire mon ressenti sur ce voyage. Pour moi, c'est l'expérience d'une vie, celle qui transformera non seulement ma façon de voir le monde, mais aussi ma manière de travailler. J'ai également profité de cette deuxième et dernière semaine de voyage pour me plonger encore un peu plus dans la culture locale en visitant un marché au bétail. Avec mes nouveaux amis, je suis partie marcher en pleine brousse afin de voir les animaux et d'étudier leurs traces. J'ai eu l'occasion de voir des gazelles, des zèbres, et deux gérénuks, des gazelles à long cou très rares dans la région. Je me suis même fait attaquer par un serpent, mais ça, c'est une autre histoire !
Voyager seule quand on est une femme au Kenya
À aucun moment je n'ai rencontré de problème à voyager seule. Il faut dire que tout au long du voyage, Léonard s'est occupé de moi avec le plus grand sérieux, prenant soin de m'accompagner dans tous mes déplacements. L'accueil des Massaïs a été incroyable. Ce fut un vrai plaisir de partager toute cette aventure avec eux, de rechercher des solutions ensemble et de faire un peu partie de leur vie durant ces 15 jours. Je ne pensais pas pouvoir être aussi bien intégrée en si peu de temps et pourtant, aujourd'hui, j'ai vraiment l'impression d'avoir fait partie de leur famille pendant ces deux semaines magiques.
La découverte d'une cérémonie Massaï
D'ailleurs, cet accueil m'a permis de vivre l'un des moments les plus forts et les plus mystiques de ma vie : une cérémonie massaï. C'est par le plus pur des hasards que j'ai eu l'occasion d'assister à cette cérémonie au cours de laquelle les Massaïs ressoudent leurs liens en se remerciant, en chantant et en se serrant la main. C'est une chose à laquelle nous ne sommes pas habitués dans notre société occidentale, et j'ai adoré les voir si proches les uns des autres, malgré les nombreuses difficultés auxquelles ils ont à faire face.
J'ai eu l'immense chance de les voir danser et chanter autour du feu et de ressentir cette émotion si particulière que je n'avais encore jamais ressentie jusqu'ici : celle d'un moment électrique, enivrant et profondément humain. En tant que touriste, je ne pensais pas pouvoir un jour assister à ce genre de cérémonie rituelle. Mais il faut croire que je suis parvenue à m'adapter et à me faire accepter par la communauté !
Il m'a fallu un mois pour réaliser ce que j'avais vécu là-bas, au Kenya. Au final, les rencontres humaines ont été encore plus importantes que tout ce que j'ai pu découvrir au sujet de notre beau métier, et j'en garderai une trace à vie. Aujourd'hui je ne pense plus qu'à une chose : retourner au Kenya afin de revivre ces moments de partage fabuleux.