Depuis quelques années, la très réputée baie d’Along connaît une fréquentation grandissante, qui tend à voiler peu à peu son visage originel. Sauf à se laisser porter un peu plus loin dans cette même baie…
L’autre baie d’Along
« Celle que l’on désigne comme « baie d’Along » recouvre en réalité trois zones administratives distinctes », explique Hoa, notre expert Vietnam. « La première, désignée sur la carte comme “Ha Long” à proprement parler, correspond à la partie la plus au nord et la plus facile d’accès depuis Hanoï, puisqu’on y accède en deux heures de route. Mais la Baie au sens large englobe également les zones de Bai Tu Long à l’est et de Lan Ha au sud, zone à laquelle appartient l’île de Cat Ba… »
Si les paysages karstiques sont identiques partout, laissant apparaître les fameux pitons rocheux qui surgissent d’une eau émeraude, chacune de ces zones est régie par son propre règlement administratif. La partie septentrionale est désormais soumise à un règlement rigoureux, lié à sa haute fréquentation. La navigation y est encadrée et l’on y croise de nombreux bateaux (le plus souvent luxueux), qui se succèdent sur un parcours unique à un rythme quelque peu cadencé. Les arrêts pour un temps de baignade sont aux aussi soumis aux mêmes contraintes, et ne peuvent avoir lieu qu’à de rares endroits, pour un temps limité… « Outre ce flux de navigation assez intense, la proximité des côtes a un impact environnemental parce que les déchets du continent sont déversés ici, et la diminution de la faune marine a entraîné, par effet de ricochet, la disparation de nombreux villages de pêcheurs. Et à l’est, la zone de Bai Tu Long, si elle est un peu plus préservée, tend peu à peu vers un niveau de fréquentation assez élevé et des conditions de visite assez similaires. »
Lan Ha, la baie sauvage
Alors, pour retrouver la dimension quasi originelle de la Baie, il reste la zone de Lan Ha, la plus méridionale. Ici les bateaux plus modestes, aux allures de jonques, n’ont pas de parcours obligé : chaque capitaine peut choisir son parcours et voguer en toute liberté, parfois même à la voile. « Bien moins fréquentée, Lan Ha bénéficie d’un environnement préservé. On trouve notamment au sud de l’île de Cat Ba de nombreux villages flottants, où l’on peut sillonner lentement entre les maisons de pêcheurs voire échanger quelques mots avec les habitants… »
Si la zone abrite peu voire pas de grottes, elle offre des conditions privilégiées pour s’aventurer seuls ou presque dans les lagons et au plus près des pitons. Par ailleurs à marée basse, apparaissent des centaines de plages de sable blanc, comme autant d’invitations à la baignade dans des recoins intimistes. À moins qu’un accès en kayak, permettant de traverser des cavités rocheuses, ne vous entraîne jusqu’à une véritable plage déserte. Quant à la charmante île de Cat Ba, sur laquelle s’étend un parc naturel de près de 300 km2, elle peut se découvrir facilement à pied ou à vélo.
Bien sûr, comme souvent, l’authenticité a un prix : celui d’un accès un peu plus long (compter une durée double environ). « En semaine, mieux vaut prendre le ferry après deux heures de route depuis Hanoï pour arriver à Dinh Vu. Pendant le week-end en revanche, la route qui mène à Dinh Vu étant empruntée par de nombreux locaux, il est préférable de se rendre à Hai Phong pour gagner Cat Ba en bateau rapide. Et quel que soit votre choix, votre patience sera largement récompensée !… »