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Harar en Ethiopie

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shutterstock - Luisa Puccini

La ville d’Harar se situe à plus de 500 km à l’est d’Addis-Abeba et culmine à plus de 1 800 mètres d’altitude, dans la vallée du Rift. Elle est célèbre pour sa cité fortifiée, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2006, ainsi que pour ses maisons traditionnelles harari. L’ambiance qui y règne est bien différente du reste du pays. Harar est, en effet, considérée comme la « quatrième ville sainte de l’Islam », alors que l’Éthiopie demeure majoritairement chrétienne. Ses fondations, qui survinrent dès le VIIe siècle, sont installées sur de grandes voies commerciales, mais également proches de ses voisins musulmans. Ces aspects lui vaudront à la fois un passé glorieux, mais aussi une histoire très mouvementée. Explorez les ruelles étroites d’Harar, à la rencontre des témoins de ces événements majeurs, et d’une culture forte et indépendante.

L’histoire d’Harar

Les premières fondations de la cité remonteraient au VIIe siècle. Le premier événement important se déroule du Xe au XIIIe siècle, quand ses habitants se convertissent à l’islam. Celui-ci atteint le territoire grâce à l’arrivée d’un missionnaire d’Arabie. Harar devient alors une place forte de cette religion, mais aussi porteuse d’une culture bien distincte. La ville se développe autour du commerce qui prospère près de la mer Rouge.

Durant de nombreuses décennies, cette situation va déclencher une suite d’attaques. Celles-ci viennent principalement des souverains chrétiens qui souhaitent prendre possession de la cité afin de reprendre le contrôle des routes commerciales. Mais Harar résiste.

Au XVIe siècle, un nouveau tournant dans l’histoire se produit. Harar est dominée, et devient le siège d’Ahmed Ibn Ibrahim Al-Ghazi, ou Gragn, le Gaucher. Ce dernier lance, depuis Harar, une guerre sainte contre son voisin, le territoire abyssin. Lui et ses troupes ravagent le pays durant plus de 15 ans. L’empire orthodoxe se trouve alors aux frontières de l'abîme. Le souverain abyssin Lebna Dengel fait bientôt appel aux garnisons portugaises pour leur venir en aide. Secouru par les Européens, le royaume reprend de la puissance, jusqu’à la capture et la mort du Gragn en 1543. Le successeur de ce dernier se retranche à Harar. Il y fait ériger une muraille fortifiée, ainsi que cinq portes, afin de contrôler les flux de la ville. Il est, dès lors, interdit aux non-musulmans d’y entrer.

La cité continue de prospérer durant de nombreuses années. Elle exporte vers le Moyen-Orient et les Indes de multiples produits : de l’or, du café, du tabac et des épices. Mais c’est sans compter qu’en Abyssinie, l’empereur Ménélik II prend bientôt le pouvoir, et qu’il caresse de grands projets pour Harar. En effet, sa situation à un carrefour stratégique séduit, et dans un royaume en pleine expansion, le monarque doit en prendre possession. En 1887 a lieu la bataille de Chelenko, où Harar subit une lourde défaite contre le territoire éthiopien et devient une part entière du pays.


Grâce au système gouvernemental (lien vers page Politique en Ethiopie) de l’Éthiopie actuelle, Harar peut garder un côté indépendant qui la caractérise depuis longtemps. Elle représente la capitale administrative de l’État régional national du peuple harari. La communauté harari, incarnant aujourd’hui quelque 10 % de la population locale, a su maintenir en vie ses traditions culturelles et artisanales, ainsi que sa langue. Celle-ci fait office de langage officiel de la province. Les Oromo et les Amharas composent principalement le reste des résidants. La religion majoritaire demeure toujours l’islam, mais les chrétiens orthodoxes constituent maintenant un tiers des habitants.

L’architecture d’Harar

De ce passé riche et mouvementé, la ville a hérité de plus de 80 mosquées, dont trois furent érigées au Xe siècle, ainsi que d’une centaine de sanctuaires religieux. À l’arrivée des chrétiens orthodoxes dans la cité au XIXe siècle, des églises et cathédrales furent également édifiées, afin de répondre aux besoins d’une population nouvelle.

Ses spécificités architecturales continuent avec la découverte des grandes fortifications qui encerclent Harar. Elles furent construites du XIIIe au XVIe siècle, afin de la préserver de multiples attaques de toute part.

Enfin, vous observerez de superbes demeures traditionnelles hararis, fortement inspirées du monde arabe et des Indes. Au vu du passé commercial de la ville, d’autres influences peuvent être relevées dans sa configuration globale, comme celles des peuples ottomans, yéménites, égyptiens et européens. Aussi, lorsque vous déambulerez au cœur d’Harar, vous serez émerveillés par les façades colorées et les maisons aux vérandas de bois. Vous remarquerez le mélange des coutumes africaines et islamiques dans l’élaboration du centre d’Harar. Un labyrinthe de petites ruelles mène en effet jusqu’à une place principale, occupée par les monuments religieux majeurs.

Tous ces édifices, bâtis à différents siècles et sous multiples inspirations, constituent un patrimoine culturel unique au monde. Ils font ainsi tout le charme de la cité d’Harar.

Que visiter à Harar ?

Les voyageurs s’aventurent à Harar essentiellement pour découvrir son centre historique et sa vieille ville, qui abritent de véritables trésors architecturaux. Vous déambulerez donc à pied dans plus de 300 ruelles étroites, pleines de vie, et d’une beauté dépaysante.

Les remparts fortifiés d’Harar

Sur le chemin, assurez-vous de contempler le « Jugal », qui désigne l’ensemble de remparts protégeant le centre. Bâtis sur quelque 3 km, vous les longez pour découvrir les 5 portes d’origine, établies au XVIe siècle : Shoa, Buda, Sanga, Erer et Fallana. Vous remarquerez de petits trous creusés dans les murs. Ceux-ci permettaient aux hyènes d’entrer dans la cité à la nuit tombée, pour mener à bien leur mission d'éboueurs naturels ! Une tradition se perpétue d’ailleurs chaque soir, à l’extérieur de la ville : le repas des hyènes. Un homme, Abbas Yusuf, a hérité de ce rituel, dans sa famille depuis plus de 50 ans. Dès que la nuit est tombée, Abbas appelle ses animaux, maintenant domestiqués. Ils viennent un à un s’alimenter de la viande qu’il leur tend au bout d’un bâton. Parfois, il tient ce dernier dans sa bouche, et la gueule puissante des carnassiers s’en approche tout près, pour se nourrir. Cela représente un véritable spectacle traditionnel, dont il est possible de profiter chaque soir, aux abords de la ville.

Les monuments religieux et musées d’Harar

Continuez votre découverte de la cité avec la place centrale de Feres Megala. Vous pourrez y observer la belle église Medhane Alem, bâtie à l’emplacement originel de la Grande Mosquée.

Harar reste également célèbre pour avoir reçu la visite du poète Arthur Rimbaud. À l’âge de 21 ans, ce dernier décida de partir en voyage autour du monde et se transforma en homme d’affaires dans le commerce. Il vécut et travailla à Harar pendant plusieurs années. Ainsi, vous pourrez y explorer la Maison Rimbaud, qui n’était pas sa demeure, mais qui est devenue une sorte de petit musée en son honneur. Des photos et récits d’aventuriers ayant réalisé des expéditions dans la région y sont aussi présentés. Ne manquez pas ce magnifique édifice, érigé par de riches commerçants Indiens. Composé d’une belle véranda de bois et de fenêtres de vitraux multicolores, il vaut vraiment le coup d'œil ! En plus, vous profiterez d’un point de vue remarquable sur la ville depuis ses étages. Le poète se serait régulièrement rendu à l’église Sainte-Marie, dont l’impressionnante porte sculptée vous étonnera.

La culture harari

Pour en apprendre encore davantage sur l’histoire locale, découvrez le Centre Culturel National Harari, qui se situe dans une des maisons traditionnelles tant réputées. Il présente de multiples objets et leur signification dans les us et coutumes. Aussi, le Sherif Museum pourra également vous intéresser, puisqu’il prend place dans l’une des anciennes demeures de l’empereur Haïlé Sélassié. Enfin, ne manquez pas le marché chrétien ou celui de Magala Guddo. Vous y repérerez de nombreux produits de l’artisanat, comme les splendides étoffes réalisées par le peuple harari, ou des bijoux variés. Vous trouverez sans aucun doute votre bonheur si vous avez envie de ramener des souvenirs à la maison

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